Étranges sont les textes dont la vie ne tient qu'à la mort et spécifiquement, à celle qui est consubstantielle à un génocide.
A y réfléchir humainement on souhaiterait que leur vie n’ait jamais eu raison d'être. Mais à la même tendance humaine de réflexion doit s'ajouter celle de la non-négation du fait. Il faut donc fouiller, creuser, penser, écrire, décrire, éditer, publier, et tout de même, lire, comprendre, penser et repenser, vivre.
Du côté du lecteur, c'est plus facile, aussi horrible que cela paraisse à dire, car c'est vrai. On s'habitue si bien au malheur des autres... tant qu'il ne devient pas le nôtre. Du côté de l'auteur “ du texte “ celui qui a franchi l'abîme, c'est plus nécessaire. Du côté de l'Autre, celui qui a creusé l'abîme... je ne sais pas.
Et par-dessus tout cela, des mots arrivent, plus ou moins téléguidés par des sources externes qui émergent de curieux puits. Celui de la vérité, peut-être, celui du brouillage politique, surement.
Ici nous entrerions dans un autre domaine, celui où les grands sentiments apparents font hurler intérieurement les victimes... non seulement celles du génocide, mais aussi celles que leur chemin de vie a portées sur les pistes ensanglantées des morts politiques, celles qui croisent de si près la définition d'un génocide.
Cela aussi il faut le dire.
Donc, ce livre Rwanda 1994 expliqué à mes enfants devait vivre en tant que récits et réflexions sur un génocide d'Ernest Mutwarasibo. Il est arrivé à Lettropolis par le chemin de l'amitié. Celui-ci se reconnaîtra. Et quand un éditeur reçoit un texte comme celui-ci, il doit lui insuffler la parcelle de vie qui lui est dévolue. Ensuite, charge à chacun de la nourrir et la protéger, qui d'une brindille, qui d'un souffle, qui d'un écran.