Fiches de lecture du livre numérique : PARCOURS A DENTS DE SCIE

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LA VIE DU TEXTE

Rwanda, Parcours à dents de scie, porte en sous-titre : Génocide : une Tutsi témoigne. Il expose le trajet hors norme d'une jeune fille survivant au génocide contre les Tutsis, devenue aujourd'hui directrice du grand pénitencier de Kigali.
Comment un pareil texte parvient-il sur le bureau d'un éditeur ? Nous pouvons répondre à cette question qui paraît anecdotique : il a suffi que Jean-Pierre Coudret, passionné de photographie animalière, veuille photographier des gorilles au Rwanda, que Philippe Basabose l'adresse à un ami qui... Il a fallu, surtout, que des échanges autres qu'épistolaires soient possibles.
À chaque étape de cette chaîne, des hommes ont partagé des questions, des sourires, de bons moments, et pour certains, des souvenirs tragiques qui ne finiront jamais de les hanter. Mais cela ne suffisait encore pas. Il fallait qu'un texte fût osé, et posé, quelque part, en attente d'une existence. Et quel texte ! Quelle attente !Quelles attentes !Car il y eut des retards. Des retards ? Non ! Des blessures réouvertes, certainement. Il fallait savoir comprendre que, même écrit, même accepté, même travaillé, un tel manuscrit ravive des feux intérieurs, impose des haltes salvatrices.
Il fallait du temps, ce temps qui ne permit pas de joindre le train des commémorations officielles, de profiter de son battage « j'ose l'expression « mais tant mieux, car le prix était tout autre : celui du respect, du souffle repris, de la compassion.
Certes l'histoire est celle de Dativa, mais Vincent, le mari, le témoignaire (le témoin du témoin direct) a participé à l'élaboration du document, donc à la remémoration. N'essayons même pas d'imaginer ! Baissons les yeux !Constatons seulement toute l'horrible force contenue dans la partie principale du titre, telle qu'elle nous a été donnée : Parcours à dents de scie. Nous écrivons bien « à « dents de scie, et non, plus aimablement, « en « dents de scie. Toute la différence entre les horreurs du possible, et les chemins de traverse.
Ce texte est préfacé par Philippe Basabose, lui-même Rwandais d'origine. Une préface magnifique, grandiose, qui reprend l'histoire et l'opère, c'est-à-dire ose travailler à exposer les dommages internes, les traces recouvertes du chemin de la douleur, et celles, plus ténues, mais non moins fortes, du chemin de la survivance. Survivance, il ne me vient que ce mot pour tenter de dire : attention, route dangereuse ! Attention !Un train peut en cacher un autre !Attention !C'est à l'endroit où l'eau est le plus calme qu'elle est le plus profond.
Philippe Basabose ne lance aucune imprécation, il intègre sa préface dans le grand chemin du Mal, celui des pestes humaines et des secousses qu'elles imposent aux hommes. Il évite le piège aussi classique qu'inopérant de poser, de revendiquer, de clamer la question du « pourquoi ? « . Si le cœur humain s'offre parfois au chœur des lamentations, le recours à la pensée reste pourtant le plus humain des chemins. C'est pourquoi, il préfère questionner les conditions et les nouvelles blessures de la survivance. Il sait qu'à ce jeu « cet engrenage des mots à la douleur « la parole est arme à double tranchant, si peu facile à manier, qu'elle peut échapper, et blesser autant celui qui la porte que celui qui la reçoit. Mais... se taire ? Non jamais !Car témoigner apporte plus de vie que le baume, ou plutôt, c'est à la vie du blessé de la survivance de lui fournir le meilleur des baumes. Et, puis témoigner, ici ou dans cette fameuse cité heureuse où les rats, un jour, sortirent de leurs tanières, c'est oser dire que malgré et contre tout, « Il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser. «
Oui la célèbre phrase de Camus reste de mise, mais, trop souvent, qu'elle est dure à prononcer

 

 

 

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