Après des siècles de railleries littéraires sur leur négligence et leur aveuglement, sources de tant de maux, les hommes ont compris qu'ils devaient montrer leur belle sagesse. Et de mettre, en ce début du XXIe siècle, tout leur zèle et toute leur imagination pour prévenir les maux connus, possibles ou fantasmés. Cette fois, impossible de railler sans être impertinent juqu'à l'indécence, tant la prudence du « on ne sait jamais « contient de légitimité et de grandeur morale. Mais l'impertinence a plus d'un tour dans son sac pour révéler ce qu'elle recèle, attendant finement son heure : sa pertinence. Dans un récit au rythme sans faille, à l'image de la vitesse avec laquelle nous sommes happés par notre obsession de la sécurité, négation du risque comme fondement même de la vie, La guerre des coupe-ongles décline une ironie d'autant plus efficace qu'elle n'est jamais inutilement virulente et offre à la candeur d'un étonnement, ce bien précieux, un champ encore trop peu exploré. On pense à Voltaire. Les mots bondissent : on pense à Devos. Prudence avec la prudence, nous dit l'auteur, l'absurde n'est pas loin...