Fiches de lecture du livre numérique : CASANOVA

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« Histoire de Jacques Casanova de Seingalt vénitien, écrite par lui-même à Dux, en Bohême. «

Ainsi commence le chapitre un de L’Histoire de ma vie. Tout débute en 1725 pour s’achever en 1798. Soixante-quatorze ans. Pour un passionné de vie, il y avait là matière à assembler, broder, ourler à l’envie. Le passionné n’y manqua pas. Aussi, après s’être taillé mille et un costumes dans la toile, le drap, le velours, la soie... les avoir agrémentés « selon l’humeur et la bourse « de plumes d’autruche, de galons d’or d’argent de diamants de perles... « toutes folies que seul un prince des mille et une nuits peut s’offrir « après s’en être servi pour étonner, enjôler, conquérir et briller plus qu’il est permis de le faire au commun des mortels « mais lui est tout sauf commun «après que tout ce qui était possible d’entreprendre l’eut été « avec hardiesse voire témérité parfois « et que l’hiver fut venu avec sa cohorte de misères par-dessus... il s’en vint finir cette vie à Dux, chez monsieur le comte de Walstein, en tenue de bibliothécaire fatigué.

Là, il passa son temps, non tant à tenir le compte des livres et à les classer, qu’à se consacrer tout entier « corps, âme, esprit « à la rédaction de ses mémoires pour se donner de nouveau de l’émotion.

Ah ! revivre ce temps lointain où il tint si bien maints rôles costumés : celui d’un abbé, d’un officier, d’un violoneux, d’un prisonnier, d’un gentilhomme, d’un gastronome, d’un capitaine d’industrie, d’un coursier d’alcôve ( là, tout à fait déshabillé ) d’un médecin improvisé, d’un inventeur, d’un bonimenteur et joueur invétéré, d’un espion, d’un sujet de salon, d’un provocateur, d’un escrimeur, d’un seigneur de Seingalt entièrement fabriqué puis développé dans la chambre noire de son cerveau. Ah ! les faire passer tous dorénavant dans la main de l’écrivain qu’il est devenu et composer nuit et jour, cette étonnante Histoire de ma Vie.
» J’écris de l’aube à la soirée ; je puis vous assurer que j’écris même en dormant, car je rêve toujours d’écrire [...] J’écris treize heures par jour qui me passent comme treize minutes. «
Il faut le croire sur parole. Il suffit d’avoir lu les milliers de pages qui composent cette histoire-là pour en être tout à fait convaincu. Et cela commence ainsi ...

» L’an 1428 Don Jacobe Casanova né à Saragosse [...] était secrétaire du roi Don Alphonse. «

Descendre d’un secrétaire de roi, voilà bien un costume fleuri à enfiler sans hésiter « il est vrai que personne ne veut descendre d’un chiffonnier de Saragosse, pas même de Paris « aussi l’amateur d’habit n’hésite-t-il pas un instant ; après quoi il confie que ce secrétaire d’ancêtre s’étant épris d’une demoiselle de couvent ( de quoi faire dresser l’oreille déjà ) l’enleva le lendemain du jour qu’elle avait fait ses vœux et se sauva avec elle à Rome. Voilà qui peut donner des idées au descendant si par malheur il lui arrivait d’en manquer. Grâce à Dieu le rejeton en fut si bien pourvu qu’il ne paraît pas nécessaire d’énumérer la descendance de monsieur le secrétaire point après point jusqu’à la venue du point ultime : Giacomo-Girolamo ( notre héros ) fils de... Point de rupture. La branche craque, se détache de l’arbre généalogique et tombe dans le Grand Canal. Qu’est-ce à dire ?

 

 

 

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