Fiches de lecture du livre numérique : SUZANNE PACAUD (1902 - 1988)

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Nombre de pages : 433

Format(s) : Format PDFISBN n° 978-2-36708-097-0 (pdf).
Le secret de Mme Pacaud


Johan Kalsbeek

Bien des années avant que l’approche scientifique des systèmes hommes/machines devienne multidisciplinaire, Suzanne Pacaud, elle-même psychologue, n’était pas restée cantonnée dans sa discipline mais fonctionnait déjà en interaction avec les physiologistes et les médecins du travail, les ingénieurs de production et les sociologues. Bien que chaque discipline se crût expert dans son domaine tous étaient d’accord : c’était Suzanne Pacaud qui avait la meilleure connaissance de ce qu’était une « tâche « .
Quel était son secret ?

Je me rappelle comment, pendant ses cours de psychologie appliquée, elle décrivait avec verve son expérience vécue en effectuant la tâche d’aide-machiniste sur machine à vapeur : « le plus beau métier « !disait-elle.
Je me rappelle aussi avec quelle indignation elle parlait des propos qu’elle avait dû supporter en exécutant, cachée dans l’anonymat, le travail de téléphoniste.
De telles expériences vécues furent pour Suzanne Pacaud le point de sa contribution au développement d’une méthode d’analyse objective d’une tâche qui ne se perd pas dans l’abstrait. À son époque, on se méfiait d’un surcroît de calcul conduisant à des résultats où l’on ne s’y « reconnaissait « plus.

Aujourd’hui, il semble que l’on ait oublié que l’étonnement provoqué par une expérience vécue reste le clou auquel est suspendu le tableau de la réalité, brossé par l’homme à l’aide de raisonnements logiques et des traitements mathématiques.

Seules les communications du type machines/ machines peuvent se permettre de s’abstenir d’une expérience vécue.
Les chercheurs du travail humain, malgré la différence de leur « plumage « , constituaient pour elle sa « famille « . Beaucoup d’entre eux ne se connaissaient que par elle et c’était elle qui les mettait au courant les uns les autres. Pour elle, l’approche scientifique allait de pair avec une approche humaine à caractère presque familial.

L’influence de Suzanne Pacaud sur ma carrière de chercheur a été déterminante. Sous l’influence de son enseignement, je suis devenu explorateur de tâches en ce qui concerne le travail humain 2. Aidé par elle, je m’étais inscrit pour un doctorat d’État sous sa direction et celle du professeur StÅ’tzel, avec comme titre : Le Travail répétitif. Lors d’une réunion de l’Ergonomic Society à Londres, pendant laquelle il a été décidé de créer des associations d’ergonomie nationales, Suzanne Pacaud a rencontré le Dr Burger, directeur de la médecine de travail des Usines Philips, un homme influent aux Pays-Bas. Quand C.G.E. Burger a parlé de la difficulté de promouvoir l’ergonomie due à l’absence de toute formation en ergonomie dans son pays, Suzanne Pacaud lui a répondu : « J’ai un élève, tout préparé, parlant bien votre langue. « Bref, elle m’a envoyé une carte postale de Londres à Paris, en écrivant : « J’ai un job pour vous, bien payé et d’avenir !«
Quitter c’est mourir un peu, mais ce départ était adouci car, selon mon contrat, je gardais le droit de participer à l’enseignement universitaire et dans l’université de mon choix, dans mon cas donc, à Paris.

En 1967, j’ai obtenu un doctorat d’État à l’université d’Amsterdam chez le professeur A.D. De Groot et bien sûr, Suzanne Pacaud était membre de mon jury. Elle a posé des questions en français et je lui ai répondu en en faisant autant. Quand elle avait fait connaissance de ma future femme, deux ans auparavant, elle m’avait dit : « Johan, écoutez, c’est une perle, ne la perdez pas !« Jusqu’à aujourd’hui je lui ai obéi.

 

 

 

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