Fiches de lecture du livre numérique : LE PATAOUETE, DICTIONNAIRE DE LA LANGUE POPULAIRE D'ALGERIE ET D'AFRIQUE DU NORD

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Nombre de pages : 618

Format(s) : Format PDFISBN n° 978-2-36708-112-0 (pdf).
A COMME AAQOUD


AAQOUD : n.m. Plat de tripes analogue à la schkamba. (Voir ce mot) dont il est la version tunisienne. Recette dans E. Zeitoun (op. cit.) ◊ Tunisie. De l'arabe عاقد : pris, figé, coagulé. (Beaussier, p. 666)

ABADÈCHE : Voir BADÈCHE.

ABJOUMARD (ABJOUMAR) : n.m. Palmier nain. Y se cache derrière une touffe des abjoumards et il attend (F. Bus, Elles sont bien Bône, p. 106). Un bon parfum sortait des arbres d'abjoumar. (F. Bus, Moi et Augu, p. 83). ◊ Est algérien. Déformation de l'arabe : جُمأر même sens (Beaussier, p. 154).

ACCIDENTE (ATCHIDENTE, ATCHILENTE) : n.m. Accident, et interj. : ah malheur ! Aga moi cet accidente qu'elle m'arrive qui se dit le pluss jeune. (F. Bus, Elles sont bien Bône, p. 106). O Roro, l'atchidente ! Écoute à ton papa ! (E. Brua, La Parodie du Cid, p. 106). ◊ De l'italien : accidente, hasard malheureux, accident (cf. accidente a gocciola : infarctus) et accidenti, malheur !

ACHPETE : interj. Attends ! Ti as fait que ton de'oir, tant qu'à ça je dis rien. Achpète un peu, bientôt Chipette y fait le sien ! (E. Brua, La Parodie du Cid, p. 99). ◊ Bône, Est algérien, Alger. ◊ De l'italien : aspettare, attendre (avec prépalatalisation méridionale).

ACQUAPAZZA (ACQUAPAZZE) : voir Aquabatz.

ADAMAKANE : loc. Un point c'est tout ! Voilà tout ! I ressort de la mer en criant : c'est un zouave ! Adamakane ! Et, comme un brave, il a gagné rhamsa sourdi (cinq sous) ! (E. Brua, Fables bônoises, p. 138). ◊
De l'arabe : هاذا ما كان qui signifie litt. : c'est ce qu'il y a, c'est tout (Beaussier, p. 885). Les Européens employaient cette locution par plaisanterie, et ils la complétaient ainsi : adamakane et mon chapeau !

ADIEU : interj. Bonjour. Ho, Caroubi ! – Ho, Joseph ! Adieu vous autres !... Qu'on ne s'y trompe pas : « Adieu » veut dire « bonjour » et « vous autres » est singulier. Il serre les mains et s'informe : — « Y alors ? — Hé ben oilà... » (P. Achard, Salaouètches, p. 16). ◊ Le terme a été influencé par l'espagnol adios et, comme dans le Midi, il signifie : bonjour (Lanly, p. 189).
ADJBET : interj. Vas-y ! Courage ! Adjbet ! lui dit Bagur. Challah qui vient bien grasse et qui vous nourrit bien... (E. Brua, Fables bônoises, p. 24). ◊ De l'arabe :جبد : donner un coup de collier (Beaussier, p. 128).

ADROPER (DROPER) : v. intr. Se hâter, courir. Un tas de monde qui adrope darrière la calèche que les chevals y z'avaient pris le mors aux dents. (Musette, La Lanterne de Cagayous n° 6, p. 16). Dérivé : adropage, course à pied. Vous parlez vous autres d'un coup de promenade militaire, d'apropage, de coup de sac et tout. (Musette, Cagayous à la caserne, p. 130). ◊ Alger, 1900. Ce terme vient probablement de l'arabe : ذرب frapper, taper (la route). En Algérie, adreb est souvent un encouragement à qui fait un effort. Mot d'argot militaire attesté dès 1869, passé ensuite, selon un cheminement classique, de l'armée d'Afrique dans l'argot métropolitain sous la forme droper ou dropper. (Colin et Mevel, p. 219). Quand moi je drope dans la rue,/ Combien que vous lâchez du flouss,/ Bref de l'argent, chaque fois que j'éternue. (E. Brua, Fables bônoises, p. 124 ; par ces paroles, Badiguelle qui a des éternuements très particuliers cherche à les monnayer).

AFFOGUER : v. tr. Épuiser, essouffler, étouffer, par ext. : abîmer, esquinter, assommer, voire tuer. Il s'est affogué de macaronade (cité par Lanly). On s'affogue à leur père, on s'insulte à leurs morts, Manque y z'ont le courage à vous sortir dihiors ! (E. Brua, La Parodie du Cid, p. 101) Affronter. Elle se coucha affoguée tsur l'herbe rouge de sang... (F. Bus, Elles sont bien Bône, p. 120 et 122). ◊ Est algérien. De l'italien : affogare, noyer, étouffer (Lanly, p. 162).

AFFURE (AFLURE) : n.f. Intérêt. Quelle affure ? Qu'est-ce que ça peut me faire ? RORO : Et ce bœuf qu'y monte à ma fugure,/ T'sais pas d'aoùsqu'y sort, t'le sais pas ?/ GONGORMATZ : Quelle affure j'en ai ? (E. Brua, La Parodie du Cid, p. 69). ◊ Alger. De l'argot métropolitain affure, gain. (Colin et Mevel, p. 5, semblent en rattacher l'étymologie au latin forum, sans autre précision). Afflure a pu être influencé par enflure (Lanly, p. 203).

AGA : interj. Regarde. O, Belle, aga ce p'tit canot, j'là baptisé Saint-Augustin. (L. Lafourcade Harmonies bônoises, p. 11). Quand Badiguelle brusquement tire la manche de saint Pierre, s'écriant : Aga-le, grand saint,/Aga-le çuilà qu'on s'l'appelait Sfatchime,/ Aga-le, ce voleur qu'il a commis ce crime. (E. Brua, Fables bônoises, p. 32). ◊ Bône. Est algérien. Cette déformation de regarder ne peut être comprise que si l'on sait que ce même verbe était parfois prononcé arégarrer (voir infra) par le locuteur populaire, qui l'a simplifié encore par apocope.

AGARER : v. tr. Attraper, empoigner. Çuilà qu'il a de la barbe comme de l'estopa y s'avait agaré la corde et tout le temps y se regardait la femme. (Audisio, Cagayous, p. 70). ◊ Alger, 1900. De l'espagnol : agarrar, même sens.
AGOPER : (AGOPPER, GUOPER). v. tr. Attraper, prendre, surprendre. Y s'est fait agopper par le surgé (entendu au lycée Bugeaud d'Alger). ◊ Alger. À rapprocher de l'espagnol : dar golpe, surprendre, ou de l'italien : acchiappare, attraper.

AGUA LIMON : n.f. Limonade. Pour l'agua limon, faites dissoudre le sucre dans un litre d'eau tiède, râpez le zeste de deux citrons et mettez-le à infuser avec 1/4 de ce litre d'eau bouillante pendant dix minutes. Pressez les citrons, mélangez le tout et ajoutez le jus des citrons. Filtrez. Mettez à givrer et servez quand la préparation commence à prendre. (I. et L. Karsenty, La Cuisine pied-noir, p. 234). ◊ Oranie. De l'espagnol : agua limon, même sens.
AHORRER : v.p. S'éviter de, s'épargner de. Si ti es pauvre, tu t'ahores de payer. (Aimablement communiqué par M. G. Espinal). ◊ Oran. De l'espagnol : ahorrarse, même sens.

AHUSER : v. tr. User. Nous y demandons à la compagnie des tramways pourquoi elle fait pas payer à motié prix pour descendre, pisqu'elle s'ahuse pas l'électricité. (Musette. La Lanterne de Cagayous n° 6, p. 11). ◊ Alger, 1900. Du français : user, avec voyelle prosthétique. Dans le même ordre d'idées, on aura dans le vocabulaire de Cagayous, aôter pour ôter, ahisser pour hisser, etc.

AINSISOITILISER : v. tr. Voler. Pour être exact, il faudrait se servir pour désigner leurs performances de toute une série de verbes et de mots parmi lesquels sarraquer, estoufarès, engorber et même ainsisoitiliser sont les plus caractéristiques. (P. Achard, Salaouètches, p. 94). Ce verbe a été construit à partir de ainsi soit-il, par semi-analogie avec subtiliser. ◊ Alger, 1900. Voir SARRAQUER, ESTOUFARÈS, ENGORBER.

AÏWA : interj. Oh la la ! Pas possible ! Papa, j'ai perdu les clefs de la maison. — Aïwa ! Y nous manquait qu'ça ! (Père algérois à son fils). ◊ De l'arabe : ايوة oui, or donc ! (Beaussier, p. 26).

AKARBI (HAQQARBI, HAKARBI) : interj. Je te le jure, je te le garantis. Quand j'ai vu ça, déh, akarbi ! j'en avais les larmes aux yeux. (Entendu à Alger). Çuilà-là qui s'l'attrape, y s'la garde pour lui,/ À condition, quand y sort de la flotte,/ De crier : « c'est un zouave ! » Oilà tout, hakarbi ! (E. Brua, Fables bônoises, p. 138). ◊ De l'arabe حق الله par la vérité de Dieu (Beaussier, p. 218).

 

 

 

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