Big Matou
- Regarde ce que j’ai trouvé !
Radkav
- C’est pas le moment. J’chate avec ma meuf.
Big Matou
- Je crois que tu devrais différer ta conversation avec ta petite amie.
Radkav
- De toute fan, elle répond pas. Bon, alors, qu’est-ce que tu as trouvé ?
Big Matou
- Tu te connectes à Face de bouc. Laisse-moi faire. Voilà ! C’est un entretien d’un journaliste avec un bourreau.
Radkav
- Mais t’es un grand malade, toi !
Big Matou
- On se calme. L’entretien remonte aux années 70, semble-t-il, au temps de la peine capitale. Il a été retrouvé sur une vieille cassette.
Radkav
- La peine capitale ?
Big Matou
- La peine de mort.
Radkav
- Putain, ça craint ! C’est quoi ton deal ?
Big Matou
- Voilà le contrat : tu likes sur Le Journaliste ou sur le bourreau et à la fin, tu me dis lequel, selon toi, l’emporte. Tu signes ?
Radkav
- Ouais ¦
Big Matou
- Tape là !
Le Journaliste
- Pouvez-vous me donner quelques surnoms de la guillotine ?
Le Bourreau
- La Grande Veuve, la Petite Louison, le Grand Rasoir national, le Massicot, la Bécane, les Bois de justice... les surnoms dépendent des époques... Comme dit le poète :
« saisons, châteaux !...»
- Présentez-nous la guillotine.
- C’est un appareil plus sophistiqué qu’il n’y paraît d’abord. La guillotine, quand on s’y connaît, il faut moins d’une heure pour la monter ! La guillotine est en bois de chêne. La guillotine pèse 580 kilos et mesure 2 mètres 50, repose sur une base d’où s’élèvent deux montants verticaux, eux-mêmes surmontés par une barre transversale à laquelle est reliée une poulie. À cette barre transversale est pendue le mouton. Oui, c’est ainsi qu’on appelle la masse métallique de 40 kilos, sous laquelle brille la lame trapézoïdale plus connue, quant à elle, sous le nom de couperet ou couteau, le point de mire de la guillotine. Cette chose coupante pèse cinq kilos, est épaisse d’un centimètre et large de trente. C’est bien 45 kilos donc qui vont s’abattre sur le cou du condamné à mort. Mais avant cela, la lame oblique montée au moyen d’une corde fixée à la poulie est retenue à la barre transversale par un système de pince. Donc, si vous me suivez, lors d’une exécution, le condamné est poussé sur une planche verticale qui bascule horizontalement ; son cou se retrouve engagé dans le demi-cercle inférieur d’un collier de bois appelé lunette dont le demi-cercle supérieur est mobile et se soulève ; on le rabat sur le cou du condamné, sa tête est alors maintenue prisonnière. Ensuite, il suffit d’appuyer sur le bouton autrefois une manette située sur le montant gauche de l’appareil, pour qu’à la six-quatre-deux, la pince tenant le couperet s’ouvre et que, par gravité, la lame se détache, tranche la tête qui tombe dans une bassine de zinc, surmontée d’une sorte de bouclier métallique destiné à prévenir les projections de sang, mais vous cachant la lunette, si bien que, je préfère vous en avertir maintenant, de face, vous ne pouvez rien voir. Cette cuvette en zinc est garnie de sciure. C’est de là que vient l’expression « éternuer dans la sciure » pour dire « se faire guillotiner. »
Radkav
- Wouah ! Le keum, il est callé en bécane, dis donc ! ça, c’est de la mécanique !
Le Journaliste
- Merci pour ce brillant exposé.
- ... que je n’ai pas fini !
- Ahhh !...
- Claquement du mouton sur les butoirs ! Cela indique à l’assistance que le corps du condamné vient d’être raccourci. Le corps tronqué est projeté d’une main alerte dans un grand panier en osier tapissé de zinc, placé à droite de la machine. Ce panier peut contenir le corps de six condamnés ; il est muni de six poignées. Voilà, maintenant, j’ai fini.
Radkav
- Putain, ça devient vachement chaud, ton truc !